Chaque deuil est unique

Publié le 20 Novembre 2016

Chaque deuil est unique

La mort nous entoure, remplie les rubriques nécrologiques et les faits divers. Elle nous révolte ou nous fait peur mais ce n’est pas celle-ci qui provoque NOTRE deuil.

Notre deuil est un état de souffrance extrême provoquée par la mort d’un parent, d’un enfant, d’un conjoint, d’un ami, de quelqu’un quelque qu’il soit qui nous était très attaché et auquel nous étions attachés.

Aucune souffrance n’est négligeable, aucun deuil ne se compare, ne se hiérarchise.

 Il n’y a rien de pire pour un endeuillé de fraiche date que de voir minimiser sa douleur.

C’est un couteau dans nos plaies que de s’entendre dire qu’il avait l’âge, qu’on s’y attendait, qu’elle a fini de souffrir, que perdre un conjoint est moins pire qu’un enfant, que perdre un bébé valait mieux qu’un enfant plus grand...

Notre deuil existe en fonction des liens très forts que nous avions créé avec le/la défunt(e).

Le deuil a beau être universel, il reste donc unique et intime pour qui en est affligé. Aucune personne n’a la possibilité de mesurer le niveau de souffrance du deuil d’autrui et nul n’a le droit d’affirmer qu’il souffre plus ou moins.

Celui ou celle qui vit une grande souffrance décrit qu’elle submerge tout, le quotidien, le jour, la nuit, l’esprit, le corps, le présent, le passé, l’avenir.

L’endeuillé à la sensation d’être écartelé, amputé d’une partie de lui-même.

C’est une douleur qui n’est pas « pensable » avant de la vivre soi-même. C’est une douleur à laquelle nous ne sommes pas préparés, qui est souvent invisible.

Elle ne possède aucun mot assez justes, assez forts pour la faire comprendre.

Cette douleur du deuil est l’une de celles qu’il nous sera la plus dure de vivre dans notre vie et malheureusement parfois plusieurs fois.

L’empathie et la sollicitude des proches sont indispensables mais malheureusement elles ne combleront  pas le manque.

Le travail de deuil demande donc une énergie de chaque minute pour continuer à exister avec cette pensée torturante qu’il/elle ne sera plus jamais là.

Il est primordial de savoir aussi vite que possible que cet état de grande souffrance, même si on ne le croit pas, ne durera pas. Oh ça va être long, pénible et laborieux, avec des hauts et des bas mais comme il se dit couramment, il faut laisser du temps au temps.

 Le deuil nous apprend la patience de la cicatrisation de notre cœur ouvert.

Il faut prendre soin de cette plaie béante, la panser  jour après jour, lui mettre du baume de vie, l’aider à se refermer.

Il arrive qu’on ne veuille pas aller mieux car cette souffrance est le seul lien vivant, palpable, tangible qui nous rattache à nos défunts. Mais moins souffrir, avoir un répit puis peu à peu se reconstruire ne veut pas dire oublier.

Au fil des années, les contours de la vie vécue avec elle/lui, les détails de la mort  deviennent un peu brouillés et les larmes s’assèchent. Mais tous les endeuillés de plus longue date vous le diront, il n'y a pas un jour, pas une heure sans que le/la disparu(e) ne soit à nos côtés. Et il y a tellement de dates, d’évocations, de riens du quotidien, tout au long de notre vie, qui secouent notre émoi, qui serrent  notre gorge, qui ravivent le manque à jamais incrusté dans nos chairs blessées /cicatrisées.

Parfois on s’inquiète car c’est interminable de souffrir tant.

Parfois on n’y croit plus car on allait mieux et l’on ne cesse de replonger.

C’est une marche en crabe mais l’on avance quand même.

Au fil du temps les périodes de répit sont de plus en plus longues tandis que l’intensité de la souffrance diminue.

On s’étonne  de continuer à vivre, à rire, à travailler, à refaire des projets…

Les liens deviennent internes, solides, indestructibles.

Nos morts ne sont pas morts, ils sont ici et là, partout où nous sommes.

Lire: Le processus de deuil

Ouvrage de référence: Vivre le deuil jour au jour le jour/Dr Christophe Fauré

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Publié dans #Processus du deuil

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S
Oui, c'est interminable de souffrir tant.<br /> Bientôt 2 ans que j'ai perdu l'homme de ma vie, et le chagrin est toujours aussi vif. Et ce manque si cruel...<br /> <br /> Je veux espérer qu'un jour je trouverai un peu d'apaisement.<br /> <br /> J'aime vous lire, merci pour ce lieu.
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Bonjour Sabine,<br /> Oui, garde courage, peu à peu ce vif chagrin, cette grosse souffrance se patinent et l'on parvient à accueillir la perte de ceux qui nous manquent tant. <br /> Merci de me lire, c'était l'un des buts de ce blog que d'être aidant pour d'autres endeuillés qui peuvent se reconnaitre dans mes mots.<br /> Pleins de pensées pour toi Sabine
M
Je me retrouve beaucoup dans ce texte.... j'ai perdu ma maman il y a 4 ans...
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Chacun s'y retrouvera, on perd tous un jour au l'autre un être cher. <br /> Perdre sa maman, c'est son enfance qui s'envole, les câlins du soir, les confidences, le poulet du dimanche.<br /> Grosses bises maman délire (dont je ne sais pas le prénom?)