Ma solitude fondamentale

Publié le 10 Juillet 2015

Ma solitude fondamentale

6 mois de deuil (novembre 2012)
Force est de constater que mon deuil a provoqué  un grave  handicap de vie.  

Subitement amputée, il a fallu ces derniers mois, panser la plaie béante, la cautériser  et puis apprendre à marcher avec des béquilles.
Les béquilles, ce sont les  réseaux  (famille, amis, collègues) sur lesquels je m’appuie mais aussi le psy et la communauté des endeuillés
Toutes ces  personnes qui contribuent  à ma  rééducation pour m’aider à réapprendre la vie sans lui.  

Je comprends malgré tout que mes proches  ne peuvent que marcher à mes côtés (m’accompagner), m’aider (unir leurs forces aux miennes) mais que seule je dois entrer dans les entrailles de moi-même.

Ma solitude fondamentale

Il faut bien que je discerne la différence entre  isolement et solitude.

Pour le moment, je  fuis « le monde »,  je n’ai qu’une hâte, vite  le retrouver dans notre maison pour  donner du grain à moudre au moulin de ma vie d’avant, au moulin de mes souvenirs. Etre encore et encore avec lui et seulement avec lui.
   
La solitude fondamentale est dans une autre dimension de mon esprit. 
J’ai compris cette notion en lisant et écoutant Christophe Fauré. 

Seuls pour naitre,

Seuls pour mourir,

Seuls pour endurer la souffrance du deuil.

Même entourés, même très proche d’autrui, il y a un endroit particulier en chacun d’entre nous. Un lieu inaccessible pour autrui où l’on ressent joies et peines extrêmes.

Un lieu où il faut se connecter à son destin en lâchant prise.

C’est une aventure complexe où il est impossible de ne pas réfléchir à nouveau au sens intrinsèque de la vie humaine.

 La méditation, la prière mais aussi  le cœur et les yeux ouverts à la beauté du monde, le souffle du vent, les larmes de pluie et l’amitié vrai nous conduisent peu à peu dans ce lieu.  

Ma solitude fondamentale

En 6 mois, je pense l’avoir bien souvent approché  sans m'y arrêter parce que ça fait trop peur de se confronter à ma perte et à ma douleur.

C’est pourtant là que je vais tisser les liens éternels avec mon époux.

La vie a quitté son corps mais tout cet amour qui a existé entre nous est toujours vivant.  Notre amour est même plus que vivant, il en mouvement, il se développe en moi me rend plus forte et chaque jour, je l’espère,  meilleure.
Comme le Nil traversant le désert aride,  la mort déverse le flot de ses crues et se retire en laissant le limon fertile.   


 

Rédigé par Véronique

Publié dans #Réflexions

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