La décorporation (Nouvelle)

Publié le 19 Novembre 2016

 La décorporation (Nouvelle)

Il entendit ses suppliques et la vit à genoux dans l’espace étroit de la ruelle du lit. Elle était là pompant son cœur de toutes ses forces, l’encourageant à revenir. Il n’avait pourtant plus le choix, son heure était venue de quitter Oikos.

Oikos où depuis des temps très anciens, des hommes sont de passage et puis tirent  leur révérence pour partir vers Eden. 

Andréas était en route depuis déjà plusieurs minutes lorsque les hommes entrèrent dans la chambre. Ils tentèrent une injection, l’oxygène, les massages cardiaques mais restèrent impuissants.

Lui s’était pressé de la rejoindre dans le coin noir où elle restait terrée. Malgré l’urgence, Il prit le temps de regarder une dernière fois cette femme qu’il aimait temps. Elle était là, assise sur une chaise, le visage ravagé de peur. Il fut sur le point de désobéir et de rejoindre son corps.  

Ullud, son passeur devina l’intention, il était habitué, surtout pour les partants encore jeunes. Il souffla doucement non, à l’oreille d’Andréas et ce dernier ne s’opposa pas.

Ullud, lui dit encore, dépêche toi, tu n’as plus que quelques minutes pour la préparer.

Andréas s’approcha alors de Bérénice, lui fit comprendre qu’il ne se réveillerait pas, qu’il n’était pas souhaitable qu’il se réveille.

Il vit à son tressaillement, qu’elle avait compris et qu’elle se préparait au pire.

Il était temps, Andréas sombra dans la nébulosité lorsqu’un sécure annonça que tout était fini.

Lorsqu’il revint à lui, Andréas était allongé torse nu dans le lit rebordé et il la vit prostrée à ses côtés.  Il voulut la prendre dans ses bras pour la réveiller doucement de ce cauchemar mais il n’y parvint pas. Il était paralysé et plus il s’agitait, plus son corps devenait lourd. Il lui revint brutalement à l’esprit qu’il était inutile de lutter, qu’il était déjà trop tard. A son tour, il hurla mais aucun son de sorti de sa bouche scellée.  

Bérénice le regarda et du ressentir ses affres car elle le saisit à bras le corps et le serra si fort qu’il sentit ses doigts s’enfoncer dans ses côtes.

Cette étreinte presque violente le rassura, elle serait forte, il le savait.

Et puis il y eut le zeugme corps et âmes. Ils en avaient entendu parler aux réunions sacrées mais ils étaient loin de penser qu’il viendrait si vite pour eux.

Bérénice et Andréas eurent cette chance de la vivre rapidement après la sortie de corps d’Andréas.

Ce fut une fusion intense qui n’est offerte qu’aux couples qui vécurent profondément unis. Chacun donne alors son intégralité de lui à l’autre.

Bérénice et Andréas étaient devenus UN à tout jamais.

 La décorporation (Nouvelle)

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Publié dans #Ecrire le deuil autrement

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