Chapitre 8 - La mort intellectualisée

Publié le 2 Avril 2015

Chapitre 8 - La mort intellectualisée

Mon cerveau travaille au - delà de ses capacités. Il cogite ma Foi et en simultané cette improbabilité que mon chéri soit totalement en paix alors que nous venons d’être séparés.

Les morts gagnent t'ils la faculté à ne pas être affectés

par la souffrance des vivants?

Cette idée me tord le ventre. Je ne peux imaginer mon amour si bon, si doux, si attentif indifférent à la douleur qui me vrille. Mais je ne veux pas non plus qu'il souffre ce que je souffre.

Un imbroglio des questions sans réponses, le mystère de notre vie sur terre, de notre devenir après la mort. Un magma d’élaboration de pensées pour me soulager, espérer, ou m'affoler.

J’en perd le sens de la vie déjà vécue . Toutes ces années de bonheur pour aboutir à cette douleur insupportable de la séparation ?

Et au plus profond de ma désespérance, ce texte

La mort apprivoisée

La lente mort des choses me parle discrètement de la mienne. J'y pense. J'y pense sans trop d'effroi. Mourir, c'est aussi naturel que vivre. Je voudrais même que ma mort soit aussi joyeuse que le fut ma vie. Pourquoi pas, après tout? Comme disait Michel Audiard : " La mort, on est fait pour ça ! " Une naissance, c'est une condamnation à mort. Le temps de vivre n'est qu'un sursis. On meurt un peu chaque jour, assassiné par la vie et " chaque instant de la vie est un pas vers la mort."

Toutes les heures blessent, la dernière tue.

Mais faut-il vivre tristes pour ça? Au contraire, c'est justement parce que la vie est brève qu'il faut la goûter au maximum et à l'optimum. Il faut prendre la mort par le bon bout, c'est tout. Moi, j'y pense. Je ne pense pas qu'à elle, mais j'y pense. J'ai déjà vécu beaucoup plus que la moitié de ma vie; je sais que je suis sur l'autre versant des cîmes et que j'ai plus de passé que d'avenir. Alors j'ai sagement apprivoisé l'idée de ma mort. Je l' ai domestiquée et j'en ai fait ma compagne si quotidienne qu'elle ne m' effraie plus, ou presque. Au contraire, elle va jusqu'à m'inspirer des pensées de joie. On dirait que la mort m'apprend à vivre. Si bien que j'en suis venu à penser que la vraie mort, ce n'est pas mourir, c'est perdre sa raison de vivre. Et bientôt, quand ce sera mon tour de monter derrière les étoiles, et de passer de l'autre côté du mystère, je saurai alors quelle était ma raison de vivre. Pas avant. Mourir, c'est savoir, enfin !

Car la mort n'est que la porte noire qui s'ouvre sur la lumière. La tombe est un berceau. Mourir au monde, c'est naître à l'éternité. C'est passer du monde des ombres qu'est notre séjour terrestre à celui des réalités. Un comédien a dit : " La mort, ce n'est pas si tragique que ça : ce n'est que le premier rideau, après, il y a le deuxième acte ". Chaque mortel qui finit est un immortel qui commence.

Mais pour envisager la mort avec sérénité, il faut croire à quelque chose après. Tout est là. Ou, à tout le moins, espérer quelque chose. Car la mort n'a pas de sens si tout finit avec elle. Ça serait trop bête. On n'existe pas pour rien, ça me paraît absurde. Et l'absurde n'existe pas ailleurs que dans nos petites têtes trop faibles pour comprendre. Il n'y a pas d'être sans raison d'être, ça c'est certain. Voltaire lui-même ne pouvait pas voir une horloge sans penser à l'horloger. On peut ne pas avoir la foi - parce que c'est un mystère -, mais on ne peut pas ne pas avoir l'espérance.

Sans l'espérance, non seulement la mort n'a plus de sens, mais la vie non plus n' en a pas.

La plus jolie chose que j'ai lue sur la mort, c'est Victor Hugo qui l'a écrite. C'est un admirable chant d'espérance en même temps qu'un poème d' immortalité.

" Je dis que le tombeau qui sur la mort se ferme

Ouvre le firmament,

Et que ce qu'ici bas nous prenons pour le terme

Est le commencement."

Doris Lussier

Je lis et je relis ces phrases toutes si pleines de ce sens que je ne trouve plus. Une bouffée de lumière envahie mon cerveau saturé d’obscurité et je sais désormais que j'aurais là, toujours sous la main, ces mots merveilleux qui à chaque lecture m'orientent sur de multiples possibilités de chemins positifs.

« Si bien que j'en suis venu à penser que la vraie mort, ce n'est pas mourir, c'est perdre sa raison de vivre »

« La tombe est un berceau. Mourir au monde, c'est naître à l'éternité »

« Sans l'espérance, non seulement la mort n'a plus de sens, mais la vie non plus n' en a pas. »

Et je lâche prise, j'abandonne cette douleur devenue quelques minutes domptable.

Les yeux fermés, en une fervente communion, nous sommes main dans la main face à la mer.

Je lui suis tellement reconnaissante de m’avoir aimé

Rédigé par Véronique

Publié dans #Le chemin

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M
et oui, les memes questions...comment peut il etre bien là ou il est puisqu'il est sans moi, sans ses enfants, comment peut il rester insensible a notre douleur, et pendant des jours et des jours je me suis torturee et me torture encore...j'ai eu 3 reves les premiers mois, cela me semblait vraiment reel et son visage etait torturé lui aussi, alors que croire ? <br /> tes mots et les commentaires de tous me donnent envie de croire, a un autre monde, ou nous nous retrouverons, meme si egoiste que je suis, c'est dans cette vie là que je veux etre avec lui...<br /> merci vero pour ce beau partage
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V
Merci à toi Martine de me lire<br /> <br /> Chacun s'accroche aux croyances qui le soulage mais parfois on n'y croit plus, on doute. Et ce questionnement de leur propre souffrance est terrible. Dans le cas de morts brutales comme toi et moi, c'est vraiment un écartèlement de nos couples.<br /> Et de se dire aussi, que c'est notre souffrance qui peut être les empêche d'évoluer.<br /> <br /> Et comme tu le dis, on les veut là. <br /> Je me souviens d'une phrase complétement irréelle au funérarium où l'agent des pompes funèbres m'a prise à part pour me demander si "la présentation" me convenait. Je ne comprenais rien. J'ai dit oui et à l'intérieur je hurlais, non ça ne me convient pas du tout, je le veux debout, vivant. <br /> <br /> Passe des bonnes fêtes de Pâques avec ta famille Martine, ton ange ne sera pas bien loin. <br /> <br /> Bises
S
"Accoutumons-nous à considérer la mort comme une forme de vie que nous ne comprenons pas encore. <br /> Apprenons à la voir du même oeil que la naissance. <br /> Il est tout à fait raisonnable et légitime de se persuader que la tombe n'est pas plus redoutable que le berceau"....<br /> <br /> Si toi de la haut, tu vois ma tristesse, <br /> Ne te prive pas de m'envoyer un signe pour me dire que tu me prépare un vrai bonheur, <br /> Laisse moi t'aimer au delà de la mort, la où ma passion grandit de jour en jour, <br /> Entre toi et moi, il n'y a que l'absence, <br /> Mais cette absence a pour but de te montrer ma force, <br /> Et d'amener avec moi, le meilleur quand je viendrai te rejoindre....<br /> <br /> Amitiés <br /> <br /> Marie
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V
Quel beau message Souricette Marie. Tout est question de vision des choses. Apprendre à considérer la mort, à prononcer son nom, à en parler sans peur.<br /> <br /> J'ai eu des signes et deux beaux rêves "messages" dont je parlerais dans un futur article. Et la teneur était bien celle ci "je t'attends". <br /> <br /> Perdre quelqu'un nous emmène au delà de notre réflexion cartésienne. <br /> <br /> Excellent WE de Pâques à toi aussi.<br /> <br /> Bises
C
Toutes ces paroles me laisse sans voix juste a essayer de comprendre existe t il une différence dans son sens entre la vie et la mort tels que nous la voyons ou l imaginons .Nous icî nous pleurons ceux qui nous ont laissez nous sommes peinés de se départ soudain ,mais de l autre côté ne sont ils pas triste de n'être pas présent pour nous réconforter dans cette épreuve que nous vivons seules en pensant qu a notre tristesse et pas celle de l autre .
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V
Demain, dès l’aube…<br /> <br /> <br /> <br /> Demain, dès l’aube, à l’heure où blanchit la campagne,<br /> <br /> Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m’attends.<br /> <br /> J’irai par la forêt, j’irai par la montagne.<br /> <br /> Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps.<br /> <br /> <br /> <br /> Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées,<br /> <br /> Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit,<br /> <br /> Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées,<br /> <br /> Triste, et le jour pour moi sera comme la nuit.<br /> <br /> <br /> <br /> Je ne regarderai ni l’or du soir qui tombe,<br /> <br /> Ni les voiles au loin descendant vers Harfleur,<br /> <br /> Et quand j’arriverai, je mettrai sur ta tombe<br /> <br /> Un bouquet de houx vert et de bruyère en fleur.<br /> <br /> <br /> <br /> Victor Hugo, extrait du recueil «Les Contemplations»
V
Oui, c'est ça Carinne, une complexité de réflexions. J'ai utilisé ce titre car on m'a dit au début, que j’intellectualisais trop mon deuil.<br /> <br /> Mais ces réflexions spirituelles, psychologiques, philosophiques suite à une perte si terrible sont, me semblent t'il, obligées. Comment ne pas s'interroger sur le sens de la vie, le pourquoi du destin, le sens de la douleur et sur ce qu'il reste à vivre......<br /> De nombreux auteurs, chanteurs,artistes ont exprimé des sentiments si forts. J'ai en autre découvert Victor Hugo qui a tant écrit suite au décès de sa fille. <br /> <br /> J'aime bien ta question car oui, en fait y a t'il une différence entre la vie et la mort ou tout au plus un passage comme de la naissance à la vie.<br /> <br /> Toutes nos réflexions sont à la mesure de l'infime de ce que nous connaissons........le reste ne sont que croyances, imagination,espérance..........<br /> <br /> <br /> <br /> Gros bisous
Y
Tous ces textes, je les partage.<br /> <br /> Je suis convaincu que la mort n’est ni un fin en soi, ni même une fin.<br /> <br /> Un début, sans doute, comme si la vie humaine n’était que le prélude, le moment où l’Être, livré à lui-même sur terre, se doit de montrer qu’il possède une âme pure et vraie, sans doute l’objectif d’accès à la vraie Vie.<br /> « Nous sommes en stage de la vie »<br /> <br /> Alors, si celui ou celle qui est parti connait le bonheur de cette Vie, la vraie, peut-il être triste en sachant ce qui nous attend ?<br /> <br /> Parfois je me dis que Monique doit bien rire de ma peine, en disant : « Attends donc de me rejoindre ; tu sauras alors ce qu’est le vrai Bonheur ! »<br /> <br /> Véro, pourquoi donc Dominique serait-il affecté de là-bas de te voir triste, triste seulement de ne pas savoir ?<br /> <br /> Oui, c’est vrai, ils devraient nous adresser un SMS pour nous avertir !<br /> <br /> Notre douleur deviendrait-elle alors un peu égoïste, simplement pour être privé de notre amour, le temps de prendre le navire qui nous emmènera le rejoindre ?<br /> <br /> Bon, je ne suis ni Victor, ni Doris … c’est donc moins bien dit !<br /> Mais mon coeur y croit, lui …
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V
En stage de vie, pas mal. C'est bien ça aussi l'hypothèse qu'ils ne puissent être attristés sachant ce qui nous attend quand notre tour viendra. <br /> <br /> Et oui, je crois que ma douleur est un peu égoïste et ambiguë. Avoir la Foi qu'ils poursuivent et en même temps pleurer sur notre solitude. <br /> C'est tout un travail d'amour qu'il reste à accomplir pour être heureux pour eux sans restriction en passant outre la douleur. <br /> <br /> Une tâche de vie pour devenir meilleure