Chapitre 23 : Coeur ouvert à la vie
Publié le 1 Mars 2016
Un an, mon chemin de deuil n'est pas encore terminé mais je ne sais plus quoi répondre aux propos ignorants qui pensent que je m’en suis bien tirée.
La première année est passée et il n’y a plus guère de possibilité d’exprimer librement la complexité de mes efforts et cette pénibilité à avancer.
De temps en temps, une amie attentive me pose des questions plus précises et permet des réponses moins banales que « on fait aller ».
J’explique que cette souffrance d’amour n’a pas de mesure, que les crises de larmes sont quotidiennes et que l’état dépressif est bien caché derrière ma force vive.
Le suivi psychologique prend alors toute son importance car ma bonne humeur publique fait oublier que mon deuil est récent.
Ce temps d'écoute professionnelle et de pleurs salvatrices sont essentiels pour dire et dire encore mon manque, nos projets avortés, mes nouvelles relations aux autres et mon statut de veuve que je n’arrive pas à intégrer.
Le psychiatre m’aide à comprendre que l’attente "d'un jour" où tout ira mieux est un concept illusoire.
C’est peu à peu que la vie reprend des couleurs.
J’ai déjà bougé comme le curseur d’un long téléchargement mais pour le moment c’est quasi imperceptible et il faut faire l’effort de se retourner pour observer les prémices de cette nouvelle aventure.
La vie heureuse que j'ai vécu est une richesse pour garder le coeur ouvert.