Chapitre 16 : Les impacts du deuil sur ma santé

Publié le 25 Juin 2015

Chapitre 16 : Les impacts du deuil sur ma santé

5 mois de deuil, Je suis vraiment à plat physiquement. Le mois d’août a été intense, comme chaque été à l’ehpad, mais là mon corps dit stop.

Je sais depuis quelques jours que je ne vais pas fort, j'en ai parlé au travail sans que personne ne réagisse.

Cette nuit de vendredi à samedi, je revis une fois de plus le drame de sa mort. Je me lève et je suis prise de vertiges en revenant des toilettes, le sol se dérobe sous mes pieds. J'ai peur.

Et si je tombe là, dans le couloir, toute seule? Personne ne sera là pour me secourir, pour me prendre dans ses bras.

Cette angoisse de mourir seule m’obsède

De nouveau allongée dans la pénombre, un froid glacial m’envahit. Je n’arrive pas à  me réchauffer et mon cœur bat la chamade.

J’ai  besoin de reprendre mon souffle, de desserrer l’étau de mon visage.

Chapitre 16 : Les impacts du deuil sur ma santé

Le lendemain, je suis une loque et pourtant je ne veux pas m’arrêter sur un WE. Je  puise dans mes dernières réserves physiques et psychologiques en dépassant des limites que je ne connais pas.

Je cache mes larmes par pudeur et aussi parce que

les gens ne savent pas quoi en faire.

Les gens y voient une dépression  là où il n’y a  que les réactions normales du deuil. 
Comment le monde peut-il avoir une idée de ce qui se passe dans ma tête, de ce qu’il faut assumer, des nuits irréelles, des retours dans la maison vide, des paperasses, de la lutte pour avancer, du manque absolu d’une partie de moi même…
Comment peuvent t’ils comprendre que je ne serais plus jamais insouciante, que je ne pourrais plus jamais déléguer, que nous ne ferons plus jamais rien ensemble et que cette situation est irréversible.

Le WE au travail a consommé mes dernières forces. J'y repars le lundi comme un zombie en me disant qu’au moins je ne serais pas seule et qu’il y aura du monde pour me ramasser si je m'écroule.

Mes collègues redeviennent subitement attentives devant mon état de fatigue et la plupart réalisent que je suis toujours en deuil.

On m'octroie 5 jours de repos. Il faudra bien que ça suffise pour recharger les batteries et repartir

Chapitre 16 : Les impacts du deuil sur ma santé

Je vois mon médecin qui me secoue et me dit que tous mes maux sont psychosomatiques.

Devant mon mutisme et mes larmes refoulées, il reformule en me disant que mon délabrement psychologique agit sur mon corps. Dit comme ça, ça a le mérite d'être bien clair.
Des proches, eux me disent que c’est le contre coup. Tu parles de coup, c’est sure que j’ai pris une grosse baffe et que je ne m’en suis pas encore relevée.

 Ce que j’ai c’est que j’ai perdu mon mari.  Il me manque à chaque seconde et il ne reviendra jamais malgré mes supplications.

Rien, ni personne n’a de remèdes à ça.

Il faut donc bien que je comprenne que le deuil a un impact non négligeable sur ma santé. Anxiété, manque de sommeil, alimentation déséquilibrée, douleurs diverses, palpitations, modifications biologiques, j’ai même fait une tendinite à la cheville.

 Faute de pouvoir exprimer pleinement ma peine, mon corps le fait à sa manière

 Il parait que les veufs et veuves ont des risques de cancer et de mortalité accrues durant la première année de deuil tellement la perte est éprouvante.

Est-ce ça mourir de chagrin ?

Rédigé par Véronique

Publié dans #Le chemin

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F
chère véro,<br /> je suis tjs une fidele lectrice . je suis tjs emue par tes recits qui je l'espère d'aide à te soulager.
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V
Merci Florence,<br /> Vous êtes quelques lecteurs fidèles et attentifs, ça me fait chaud au cœur.<br /> Pourquoi, je fais cette démarche d'écriture publique?<br /> J'entends les remarques ici et là : à quoi ça sert de remuer tout ça, il est temps de passer à autre chose etc.....<br /> C'est pour moi comme un devoir de mémoire de mon deuil, de mon chagrin et de notre amour avec Dominique. <br /> Et puis, si je peux aider ne serais ce qu'une seule personne comme je l'ai été par tant de récits et bien ce sera déjà ça. <br /> Merci de tes petits mots<br /> Bises
I
Quoi faire des larmes .... les aider a trouver un chemin qi les eloignent de nous peut etre<br /> C est long d apprendre a vivre sans<br /> Il me vient juste a l esprit des mots d ue chanson populaire ....il y a toujours un coin qui me rapelle ...<br /> Gros bisous courage
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V
Très beau message Isabelle. Oui, il y a toujours un coin qui nous rappelle........ <br /> Aider les larmes a trouver leur chemin pour qu'elles nourrissent notre nouveau moi et le fasse grandir, voilà ce que m'inspire ta belle phrase. <br /> Douce soirée
Y
Ta, notre santé dans le deuil, terrible sujet car son origine est une réaction logique de notre corps face à sa détresse.<br /> Nous le savons maintenant et avons compris que c'était pire encore que ce qu'on pouvait imaginer !<br /> Que notre esprit et notre corps étaient une même chose.<br /> <br /> Une seule pensée en tête, terrible, obsédante, ne laissant pas de repos : Non, Pourquoi, Où ?<br /> Et malgré tout tenter désespérément de s'accrocher à autre chose comme si l'obsession pouvait s'estomper.<br /> <br /> Impossible, car rivé sur un sens de vie qui n'existe plus.<br /> <br /> Travailler ? Ne rien faire ? La détresse reste identique.<br /> <br /> Tu décris très bien cette peur en nous, qui nous fige, qu'on se force à faire avancer ... jusqu'à s'effondrer face à la terrible solitude ... un néant, notre capacité, notre force étant atteintes !<br /> <br /> Et pourtant, faire comme si, donner le change, sans se rendre compte des dommages de notre corps.<br /> <br /> Bises
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V
Bonjour Yohann,<br /> Donnez le change sans que ce soit prémédité. Le corps se met en "mode social" pour continuer à travailler, à aller et venir, à faire ce qu'il y a à faire.....<br /> Nous même nous rendons compte avec le recul, des capacités humaines à traverser des épreuves.<br /> On nous a souvent dit que nous étions courageux. Et je crois réellement qu'on l'est. On a pas choisi ce destin mais on choisit (un peu), l'orientation de notre poursuite de vie. <br /> Bises à toi
M
Ma Véro , au fil de tes chapitres , je découvre combien tu as souffert et que tu souffres encore . Tu as raison quand tu dis que l'on n'a pas compris .<br /> Moi , j'ai perdu mon papa il y a déjà 20 ans et j'en souffre encore . J'ai réussi à m'en sortir gràce à mon Florian .
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V
Cc Martine,<br /> Ton message me touche au plus haut point.<br /> J'ai été très bien entourée et aidée de vous tous et c'est bien normal que ceux qui n'ont pas vécu un deuil de très proche puisse mesurer la profondeur de la détresse, de la souffrance.<br /> L'empathie, tu sais bien, ce n'est pas se mettre à la place de l'autre, ceci est impossible, c'est s'approcher au plus proche de son ressenti. <br /> Perdre ses parents est un traumatisme également.....et oui les enfants nous aide. <br /> Bisous à toi
S
Ma chérie. Tous ces mots me parlent tellement.. Ce que tu fais est exceptionnel mais n'est ce pas trop douloureux pour toi de ressasser tout cela? En tout cas. Tu devrais en faire quelque chose et le publier pour ceux qui ne comprennent pas, ceux ou celles qui le vivent.. Je t'embrasse tendrement.
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V
Cc Sylvie, c'est forcément émotionnel de relire mon journal de deuil. A chaque article publié j'avance, même si je suis parfois vidée.<br /> C'est un besoin maintenant de mettre à nu tout ce parcours, de poser des mots réfléchis.<br /> Le vécu de deuil d'un proche reste reste tellement inconnu pour ceux qui ne l'ont pas vécu. <br /> Je vois également que ça aide quelques endeuillés plus récents sur le cercle.<br /> Je vais poursuivre ..............jusqu'à quel moment, je ne sais pas.<br /> Plusieurs personnes m'ont suggéré de tenter de le faire publier? Très franchement, je doute de la qualité littéraire de mes écrits mais le principal n'est sans doute pas là?