Chapitre 29 : Le silence assourdissant de son absence
Publié le 11 Décembre 2016
C’est un état qui m’accable chaque année quand revient le mois de décembre, quand revient sur la scène la période des fêtes et son anniversaire.
Ceci se manifeste par un mal-être général qui me remplit d’angoisses, de larmes, d’insomnies et de fatigue.
Ce sont des jours où la grande souffrance se réactive sournoisement en torturant mon corps et mon esprit. Il me faut alors une immense force pour commander à mon cerveau de ne pas m’isoler complètement.
Le manque c’est donc cette sensation de vide en moi. Ce sont ces moments où ma cicatrice s’ouvre à nouveau et dévoile le trou béant qui n’abrite plus qu’une chair fantôme.
La plupart du temps, c’est pourtant la présence douce et protectrice de mon mari et nos trente années partagées qui me permettent de rencontrer, d’aimer, de travailler, de poursuivre… Je sais avec le temps qu’il n’y a pas de possibilité que Dominique ne s’efface de mes pensées et de mes souvenirs comme j’en avais la crainte au début de mon deuil.
Il a pris tout simplement sa juste place en moi et le fait de mourir n’effacera jamais ce qui a été vécu.
Alors pourquoi le manque, par moments, envahit-il tout l’espace de mon être au point d’étouffer mon quotidien et de n’avoir qu’un seul besoin, celui de se rattacher à des regrets de ce qui n’existera plus ou jamais?
Parfois je suis si lasse de me battre pour rétablir l’équilibre précaire de mes émotions.
Alain Sauteraud dans son livre Vivre après ta mort, psychologie du deuil dit pourtant que la tristesse est signe de bonne nouvelle car elle montre que quelque chose a existé et a été bénéfique au point de nous manquer.
Alors, je me raisonne et j’accepte que les fêtes, les dates anniversaires, la date du décès remettent en route l’excavatrice de peine.
Peut-être est -il sain de régulièrement pleurer sa joie perdue?